L’architecture vernaculaire offre un cadre fonctionnel à la vie. Bâties sans prétentions médiatiques, ces architectures forment de très beaux ensembles architecturaux.
Nous recherchons cet esprit vernaculaire. De formes banales et sans prétentions, nos constructions aspirent à être bien construites. Elles sont faites de matériaux sains et pérennes empruntés si possible au sol de la contrée. Il n’y a aucun «événement plastique» corbuséen !
Cette position radicale est courageuse pendant que nos villes et nos campagnes se couvrent d’architectures singulières. Beaucoup d’architectes, encouragés par le politique en quête de buzz médiatique, y déploient leur talent. Les plus doués produisent des bâtiments aux qualités plastiques indéniables, qui suscitent des commentaires critiques emplissant l’espace médiatique. Mais le bâtiment, en entrant dans la sphère de l’objet, manque à sa fonction. Il n’y a plus d’usage, c’est un bien de consommation
La banalité de nos constructions exalte la vie qui y prendra place. Une bonne architecture est celle que l’on oublie. Mais comment concilier cette juste attitude avec une reconnaissance nécessaire à notre survie ? Seule l’exigence éthique peut nous aider. Nous voudrions bâtir des lieux de vie qui aient la qualité de beauté et d’harmonie que l’on trouve dans les estampes de Hokusai et de Hiroshige.
La petite ville de Chirens est située dans les préalpes du massif de la Chartreuse. C’est un pays d’agriculture et d’élevage. Le gymnase qui complète l’équipement du collège emprunte sa simplicité à celle des granges agricoles.
Deux corps composent la construction: l’un abrite la grande salle de sport, l’autre la petite salle et les vestiaires. Ces deux corps sont reliés par un bâtiment bas de stockage.
L’organisation en plan forme un carré parfait de 45 par 45m.
En coupe les deux bâtiments sont dans un rapport d’homothétie.
La simplicité du bardage extérieur en mélèze, rehaussé de la protection décorative des poteaux, crée tout à la fois une familiarité formelle, teintée d’une étrange ambiguïté.
L’ensemble de la construction est en bois massif avec des assemblages traditionnels par embrêvement. Les fermes de la grande salle ont 30m de portée.
La toiture est en tôle ondulée et de larges débords protègent les façades de la neige.
A l’intérieur la grande salle contraste par sa sophistication avec la rusticité extérieure. L’intégration soignée du chauffage, de l’éclairage et des équipements sportifs, donne à la salle une qualité qui pourrait être celle d’une salle de concert.La petite salle destinée à la gymnastique et au judo a l’ambiance d’un dojo traditionnel.